Exécution d'une décision du juge civil

Vérifié le 27 novembre 2024 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

Vous souhaitez savoir comment une décision rendue en matière civile s'exécuteMise en application des mesures ou condamnations rendues par un juge dans une décision judiciaire ? Nous vous présentons les informations à connaître.

On peut exiger l’exécutionMise en application des mesures ou condamnations rendues par un juge dans une décision judiciaire d'une décision civile à partir du moment où elle est exécutoire.

Ce caractère exécutoire (ou force exécutoireDécision de justice pouvant être appliquée si besoin avec l'aide de la force publique) est immédiat. Mais parfois il faut attendre le moment où la décision ne peut plus être contestée (on dit alors qu'elle passe en force de chose de jugéeJugement qui n'est plus susceptible de recours, soit parce que les recours ont été épuisés, soit que les délais sont expirés).

Le juge a le pouvoir d'accorder des délais supplémentaires pour l'exécution.

Exécution immédiate

En principe, on peut obtenir l’exécution d'une décision dès lors qu'elle est prononcée et notifiéeFormalité par laquelle un acte de procédure ou une décision est porté à la connaissance d’une personne et qu'elle porte mention de la formule exécutoireExpression apposée sur les décisions de justice ou sur les actes authentiques établis par les notaires. Elle leur donne le droit d'être appliqué par tous les moyens de droit et si nécessaire par l'aide des officiers de la force publique (police et gendarmerie).. C’est la règle de l’exécution provisoireBénéfice qui permet de faire exécuter immédiatement un jugement sans attendre la fin du délai d'appel ou d'opposition et même si ces recours sont exercés de droit.

Cette règle concerne l’ensemble des jugements civils (jugement du juge aux affaires familiales, du tribunal judiciaire, etc). Elle permet de faire exécuter une décision même si les délais de recours ne sont pas expirés, et même si la partie condamnée fait un recours.Ensemble des procédures mis à la disposition du justiciable pour lui permettre d'obtenir un nouvel examen de son procès ou de faire reconnaître les irrégularités lors de la procédure

À savoir  

Le juge peut, dans sa décision, écarter totalement ou partiellement l'exécution provisoire si elle est incompatible avec la nature de l'affaire. Il peut le faire d'office, ou à la demande des parties, en précisant les raisons pour lesquelles il décide d'écarter l'exécution provisoire.

Exécution au passage en force de chose jugée

Certaines décisions ne bénéficient pas de l'exécution provisoire de droit.

Dans ce cas, la décision devient exécutoire quand elle passe en force de chose jugée, c’est-à-dire après l’expiration des délais de recours (appel, opposition), et si aucun recours n’est exercé.

Cela concerne les décisions suivantes :

  • Décisions statuant sur la nationalité
  • Décisions concernant la rectification ou l'annulation des actes d'état civil
  • Décisions statuant sur le choix du prénom lors de la déclaration de naissance
  • Décisions concernant les demandes de changement de nom ou de prénoms
  • Décisions concernant les demandes en modification de sexe sur les actes d'état civil
  • Décisions de déclaration d'absence d'une personne
  • Décisions sur la filiationLien juridique entre un enfant et son père et/ou sa mère et les subsidesAide financière
  • Décisions concernant l'adoption
  • Décisions prononçant le divorce ou la séparation de corps.

Pour toutes ces décisions, c'est la règle de l'exécution provisoire facultative qui s'applique. Elle permet au juge de rétablir l'exécution provisoire à son initiative ou à la demande des parties.

Le juge doit préciser dans la décision les raisons pour lesquelles il décide d'ordonner l'exécution provisoire.

Exécution reportée par un délai de grâce

Le juge peut accorder un délai supplémentaire pour l'exécution de la décision. C'est ce qu'on appelle un délai de grâce. Il faut attendre l'expiration de ce délai pour pouvoir exiger l'exécution.

Quand le jugement doit être notifiéFormalité par laquelle un acte de procédure ou une décision est porté à la connaissance d’une personne ou signifiéActe par lequel une partie informe son adversaire d'un acte ou d'une décision de justice par l'intermédiaire d'un commissaire de justice (anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire), le délai de grâce court à compter de la date de notification ou de signification. Dans les autres cas, il court à compter de la date du prononcé du jugement.

Les effets de l'appel sont différents pour les décisions avec exécution provisoireBénéfice qui permet de faire exécuter immédiatement un jugement sans attendre la fin du délai d'appel ou d'opposition et même si ces recours sont exercés et celles sans exécution provisoire.

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Décision avec exécution provisoire

Avec l'exécution provisoire (de droit ou ordonnée par le juge), l'appel n'a pas d'effet suspensif : le débiteurPersonne tenue envers une autre d'exécuter une obligation (qui peut être le versement d'une somme d'argent) doit exécuter la décision même s'il fait appel.

Si le débiteur n'exécute pas la décision, il risque des sanctions. Le créancierPersonne à qui l'on doit de l'argent ou la fourniture d'une prestation peut notamment demander la radiation de l'appel, c'est-à-dire le retrait du dossier du registre des audiences.

En cas de radiation de l'appel, le débiteur a 2 ans pour exécuter la décision (ou consigner les sommes dues) et demander la poursuite de la procédure. Sinon, la péremption d'instance peut être constatée par le juge : le dossier est alors définitivement clôturé et un nouvel appel est impossible.

Attention  

Si la cour d'appel annule une décision déjà exécutée, il faut rembourser les sommes et/ou restituer les biens gagnés en première instance.

En cas d'appel, le débiteur peut demander au premier président de la cour d'appel de suspendre l'exécution provisoire.

Décision sans exécution provisoire

L'appel a un effet suspensif pour les décisions sans exécution provisoire : l'exécution forcéeProcédure légale utilisée pour obliger quelqu'un à appliquer un jugement ou à respecter ses engagements est impossible pendant le délai d'appel et en cas d'appel.

Le créancierPersonne à qui l'on doit de l'argent ou la fourniture d'une prestation qui veut que la décision soit exécutée, malgré l'appel du débiteurPersonne tenue envers une autre d'exécuter une obligation (qui peut être le versement d'une somme d'argent), peut demander au premier président de la cour d'appel d'ordonner en référé l'exécution provisoire.

Celle-ci doit être compatible avec la nature de l'affaire. Elle ne doit pas risquer d'entraîner des conséquences manifestement excessives.

Attention  

Si l'exécution provisoire a déjà été refusée dans la décision attaquée, le créancier doit en plus démontrer qu'il y a urgence.

Les décisions civiles se prescriventExpiration d'un droit après un certain délai. dans un délai de 10 ans. Passé ce délai, l'exécution forcée n'est plus possible.

Les actes d'exécution forcée (saisie bancaire, saisie-vente d'un bien par exemple, ou simple commandement de payerActe généralement signifié par commissaire de justice (anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire) ordonnant à une personne d'exécuter ses obligations (par exemple, régler des loyers impayés).) réalisés pendant le délai de 10 ans vont interrompre le délai prescription. Dans ce cas, un nouveau délai de 10 ans commence à courir.

Pour une exécution volontaire de la décision, les parties n'ont pas besoin de faire intervenir un commissaire de justice.

Le débiteur (celui qui a perdu) peut exécuter la décision spontanément sans attendre la réclamation du créancier ou d'un commissaire de justice.

Le créancier (celui qui a gagné) peut s'adresser directement au débiteur en vue d'une exécution amiable du jugement.

Les parties peuvent fixer amiablement les conditions d'exécution du jugement (notamment prévoir un délai, un échéancier).

À noter

Si les parties sont représentées par des avocats, ils peuvent servir d'intermédiaires.

Si l'exécution amiable échoue, le créancier doit envisager l'exécution forcée de la décision avec un commissaire de justice.

L'exécution forcée nécessite une notification préalable de la décision au débiteur.

Le créancier doit être en possession d'une copie exécutoire de la décision et la remettre à un commissaire de justice afin qu'il procède à l'exécution forcée.

Notification de la décision

Notification par le greffe ou signification

Dans certaines procédures, le greffe notifie la décision aux parties. C'est le cas par exemple en matière prud'homale, en matière de sécurité sociale ou de fixation de pension alimentaire.

La notification par le greffe se fait par lettre recommandée avec demande d'avis de réception (LRAR).

Quand la notification n'est pas effectuée par le greffe ou en cas d'échec de la notification par le greffe (LRAR non distribuée ou non réclamée), les parties doivent procéder par voie de significationActe par lequel une partie informe son adversaire d'un acte ou d'une décision de justice par l'intermédiaire d'un commissaire de justice (anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire).

Exécution sur présentation de la minute

Le juge peut exceptionnellement permettre l'exécution de la décision au seul vu de la minuteOriginal d'un document (par exemple, une convention de divorce) rédigé par une autorité (tribunal civil ou administratif, notaire, commissaire de justice - anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire, ...), qui est dans l'obligation de le conserver, si cela est nécessaire. Cela concerne notamment les ordonnances de référé ou ordonnances sur requêteDécision provisoire rendue non contradictoirement par un juge. Cette procédure est utilisée dans les cas où le demandeur peut ne pas convoquer son adversaire..

Dans ce cas, un original de la décision de justice est remis au bénéficiaire et la présentation de l'original à l'adversaire vaut notification.

Délivrance de la copie exécutoire de la décision

La copie exécutoire est une copie certifiée conforme sur laquelle est apposée la formule exécutoireExpression apposée sur les décisions de justice ou sur les actes authentiques établis par les notaires. Elle leur donne le droit d'être appliqué par tous les moyens de droit et si nécessaire par l'aide des officiers de la force publique (police et gendarmerie).. Sans cette copie, l'exécution forcée est impossible.

Chaque partie peut obtenir la copie exécutoire gratuitement auprès du greffe du tribunal qui a rendu la décision.

Il est possible d'obtenir une seconde copie exécutoire pour un motif légitime (par exemple, perte du document, plusieurs débiteurs).

À savoir  

Si la décision est notifiée par le greffe, la copie exécutoire doit mentionner les dates de cette notification.

Intervention du commissaire de justice

L'intervention d'un commissaire de justice est obligatoire.

Il a le monopole de l'exécution forcée des décisions exécutoires.

Attention  

Faire soi-même une exécution forcée est interdit et parfois sévèrement sanctionné. Par exemple, un propriétaire qui expulse lui-même un locataire risque jusqu'à 3 ans de prison et 30 000 € d'amende.

Il faut choisir un commissaire de justice qui exerce dans le ressort de la cour d'appel du domicile du débiteur.

Le commissaire de justice peut récupérer l'argent que le débiteur doit en faisant saisir et vendre ses biens ou en pratiquant une saisie sur compte bancaire ou une saisie sur salaire.

C'est aussi le commissaire de justice qui procède aux expulsions.

En cas de difficultés d'exécution, vous pouvez saisir le juge de l'exécution que vous soyez débiteur Personne tenue envers une autre d'exécuter une obligation (qui peut être le versement d'une somme d'argent)ou créancierPersonne à qui l'on doit de l'argent ou la fourniture d'une prestation.

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Vous êtes créancier

Si vous avez une décision favorable et que vous rencontrez des difficultés pour la faire exécuter, vous pouvez saisir le juge de l'exécution.

C'est le cas lorsque que la personne condamnée n'exécute pas la décision ou que l’inexécution vous cause un préjudice (matériel, financier...).

Vous pouvez alors demander réparation de ce préjudice ou obtenir une astreinteCondamnation d'une personne à payer une somme d'argent par jour, semaine ou mois de retard si une obligation imposée par une décision de justice n'est pas exécutée., une mesure conservatoireActe effectué par nécessité ou par urgence afin de sauvegarder un droit (par exemple, renouvellement d'une inscription hypothécaire) ou empêcher la perte d'un bien (par exemple, réparation d'un bâtiment dégradé), une saisie sur rémunération.

Vous êtes débiteur

Vous pouvez saisir le juge de l'exécution si vous contestez une mesure d'exécution forcée (par exemple, une saisie sur compte bancaire, une saisie des meubles).

Le juge de l'exécution peut accorder des délais de paiements ou un échelonnement de la dette.

Il peut également accorder des délais en cas d'expulsion.

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